La Vie dans les Chantiers

Les pages qui suivent complètent le résumé précédent. Nous sommes volontairement restés concis.

La débâcle de Mai-Juin 1940

Les hommes incorporés en juin 1940  relevés de leurs obligations militaires et répartis dans des groupements

“Le Général de la Porte du Theil”

Le Général de la Porte du Theil définit les objectifs de l’Institution dont il prend le commandement :
• “Donner aux jeunes hommes de France, toutes classes confondues, un complément de formation morale, virile et professionnelle qui, des plus doués, fera des chefs, et de tous, des hommes sains, honnêtes, communiant dans la ferveur d’une même foi nationale “.
• “Le passage dans les Chantiers doit constituer le couronnement de la formation de la jeunesse. Il offre au jeune homme l’occasion unique, à une échelle réduite mais justement à sa mesure, de réaliser ce qu’est la communauté nationale, de comprendre son étendue et sa pérennité”.
Pour atteindre ses objectifs le Général de la Porte du Theil, nommé Commissaire Général, crée une structure pyramidale s’inspirant de celle de l’armée, et décide de l’implantation des groupements (voir annexes).
La mission est ambitieuse et à réaliser dans des conditions extrêmement difficiles. Il faut, en particulier, agir et communiquer avec beaucoup de prudence car les services de renseignements de l’ennemi, provisoirement vainqueur, ne manqueront pas de surveiller cette “troupe” de jeunes gens encadrés et disciplinés.
L’essentiel ce sont les hommes.
“Une société n’a de valeur que celle de ses hommes qui dépend en grande part de l’éducation qu’ils ont reçue”.

Les valeurs des Chantiers de la Jeunesse

Un cadre, la nature

Le contact intime avec la nature élève l’homme. Il découvre des enseignements dans les bois, les champs, les montagnes et la contemplation du ciel. Il est confronté à un monde réel avec lequel on ne triche pas. Le cadre de vie, sans grand confort, ou l’on n’a, souvent, que ce que l’on a fabriqué ou entretenu soi-même, apporte l’endurance du corps et la volonté de l’âme.

L’équipe

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Le travail

C’est un élément fondamental de la formation. C’est pendant les heures de travail que la solidarité est la plus nécessaire. Le travail doit être utile à l’intérêt général (forestage, travaux des champs, entretien et construction de routes, irrigation, amélioration et construction de camps, réhabilitation de villages, entretien et réparation du matériel (…/.).Il s’exécute sous la conduite de personnel spécialisé. Il doit être bien pensé, bien organisé. Il est exigé un résultat quantitatif et qualitatif.

La formation virile et physique

Elle s’acquiert par la vie en plein air et le travail, mais aussi par une éducation physique journalière (dirigée par des moniteurs). Elle permettra des compétitions sportives et des raids d’endurance.

L’expression artistique

Elle est encouragée et conseillée par des cadres spécialisés. Outre la valeur artistique du chant, de la musique et de l’expression théâtrale, elle est une école de discipline. Elle est chargée de traditions historiques et régionales.
L’artisanat est possible suivant les ressources des jeunes intéressés. Il sera beaucoup développé.

L’encadrement

Les cadres doivent assurer le bon fonctionnement et la réalisation des objectifs à atteindre.
Ce sont les chefs de groupe (responsables d’unités de 150 à 200 hommes) et les chefs d’équipe (14 hommes) qui ont un rôle fondamental.
C’est sur eux que repose la formation des jeunes de France.
Le chef de groupe a le devoir d’assurer la vie matérielle de ses hommes, mais aussi et surtout il a la responsabilité de leur formation. Par sa présence permanente parmi eux, il leur montre les voies à suivre pour leur perfectionnement physique et moral. Il dégage les leçons des réalités et oriente le cheminement vers l’objectif commun.
Pour cette mission difficile, il est fait appel à des hommes jeunes, guère beaucoup plus âgés que les hommes dont ils ont la responsabilité. Ils doivent avoir une forte personnalité, un enthousiasme communicatif, une moralité incontestable, un sens élevé du devoir et de l’honneur, un bon bagage intellectuel, une excellente condition physique.
La tâche serait trop épuisante si un soutien ne leur était pas en permanence fourni par le Commissaire chef de groupement et par son état-major, et si des stages de formation complémentaires n’étaient pas organisés.
Pour la formation et la préparation des cadres,il existe dans chacune des six provinces Chantiers de Jeunesse une école des cadres.
Pour les chefs d’équipe qui, eux, sont choisis dans le contingent, la formation s’effectue au sein du groupement.
Il y eut des improvisations normales lors des mises en place. L’hiver 1940-1941, particulièrement rude, le ravitaillement et les communications difficiles, rendirent souvent pénibles les premiers mois. Mais la foi du Général de la Porte du Theil dans la nécessaire réussite, la valeur de l’encadrement, la confiance faite aux jeunes, firent de cette première expérience de 6 mois une réussite et une espérance suffisantes pour qu’une loi du 18 janvier 1941 décide de la pérennité des Chantiers. Il est maintenu en zone sud de la France (dite zone libre) et en Afrique du Nord, le principe d’un service national obligatoire de 8 mois.
Les Chantiers de la Jeunesse ont dû leur création aux circonstances découlant de l’épreuve la plus dramatique subie par la France et leur réussite à la compétence, la foi et la volonté d’un éducateur exceptionnel.
Dès juillet 1940, le Général de la Porte du Theil sait que les Chantiers devront préparer les jeunes Français à participer activement à la libération du territoire et au relèvement du pays, ce qu’ils ont largement accompli, comme l’attestent les décrets du gouvernement provisoire de la République dirigé par le Général de Gaulle. Il sait que cet objectif ne peut être atteint sans commencer par une mission d’éducation.
La pédagogie appliquée découle d’une haute idée de l’homme, de la confiance qu’il mérite, du respect qui lui est dû. Il doit devenir maître de lui-même, responsable de ses actes, courageux et persévérant dans l’effort, fraternellement solidaire.
Aux chantiers, ces valeurs ne furent pas imposées, mais progressivement découvertes par chacun, et librement admises comme des évidences, grâce à la vie en équipe et l’exemple des jeunes chefs toujours présents.
C’est ainsi que naquit ce que l’on appelle “Esprit Chantiers” dont les anciens continuent de faire bénéficier le pays.
Les circonstances et l’environnement actuels sont heureusement fort différents de ceux de 1940. La Société a évolué.
Mais le manque de repères de nombreux jeunes, les pertes de références civiques et du sens de l’honneur, l’oubli des valeurs fondamentales, les difficultés de l’intégration, la fracture sociale, l’augmentation des incivilités et la délinquance qui en découlent, nous incitent à penser que la mise en place d’un service civil obligatoire de conscription de quelques mois, s’inspirant de la ” méthode Chantiers”, et approprié à notre temps, (pourquoi pas européen) pourrait permettre une nette amélioration de la vie de notre communauté.